Fuyant la canicule madrilène, cap vers le nord de la ville pour une journée pleine de découvertes.
Cette journée va s’avérer fascinante, plutôt tournée vers le passé plus ou moins récent. Tout d’abord visite du monastère de San Lorenzo de El Escorial, héritage de la monarchie espagnole, puis visite de la Valle de Los Caidos, testament du Général Franco.
Entre monarchie et dictature, mes visites du jour sont les témoignages des puissants d’hier, non sans oublier la Sainte Eglise Catholique que l’on retrouve aussi bien de part et d’autre…. Il est vrai que je m’intéresse beaucoup et depuis toujours à l’histoire. Les grandes puissances, quelqu’elles soient, cherchent le pouvoir sous toutes ces formes et cela bien souvent au détriment des peuples. Mais je m’égare, les visites :
El Escorial
Tout d’abord, il faut savoir que l’Escorial est un monastère, palais, bibliothèque et musée.
Soyons clairs, cette visite m’a enchantée… Vous allez me dire, encore un énième château, c’est toujours pareil… Certes, nous avons en France de multiples châteaux, tous plus beaux les uns que les autres, mais malgré toutes ces visites à de divers châteaux, je me suis laissée séduire par celui-ci.
Et pourtant ce n’était pas gagné, l’architecture extérieure manque de finesse à mon goût, la pierre est somme toute assez grise, mais le charme est là tout de même.
Je ne vais pas vous refaire l’histoire du palais, il y a Wikipédia pour ça ! Mais sachez qu’il a été commencé en 1563 et terminé en 1584, un record pour l’époque.
La visite a commencé par la basilique, gigantesque et imposante.
La pièce qui m’a conquise est la bibliothèque royale, de toute beauté. Mon ❤️ a chaviré.
La suite de la visite, est comme dans tout château, mais d’autres parties sont fortes de symboles, notamment le panthéon royal. Il y en a 2 en fait, le panthéon royal, tout de marbre noire et de dorures, auquel on accède après un escalier fort impressionnant.

panthéon royal tout de marbre noir
L’autre panthéon est celui des infants d’Espagne, ou autres princes et princesses. Il y a 8 salles en tout, toutes en marbre blanc.
Il y a une salle qui m’a également fortement impressionnée, c’est celle des infants d’Espagne, décédés avant leur puberté. Leur mausolée est formé en cercle, toujours en marbre blanc.
Les appartements royaux étaient fort intéressants, notamment avec le revêtement bas des murs en magnifiques azulejos.
Evidemment, j’aime tellement le bleu que ça pouvait que me plaire….
Enfin, dernière salle que j’ai beaucoup aimé, c’est la salle des batailles. Qui est une longue et magnifique galerie couverte de fresques à la gloire de la politique d’expansion de Philippe II.
Cette salle, on pourrait, tout comme dans la Bibliothèque, y passer des journées entières. D’autant que j’ai beaucoup aimé le style utilisé dans les fresques, très réalistes, mais toutefois colorées.
Je finis cette première partie de journée en ayant en tête une visite très lumineuse et joyeuse. Pourtant les monarques d’Espagne ont conquis le monde, leur gloire s’est forcement faite au détriment d’autres peuples.
Petit bémol à ma visite, le prix du parking, près de 10€ pour un peu plus de 3 heures de stationnement, c’est vraiment cher.
La Valle de Los Caidos
Avant ce séjour en Espagne, j’étais loin de m’imaginer que le dictateur Franco puisse être enterré à quelques encablures de Madrid, dans un mausolée aussi mégalo… Lorsque j’ai appris cela durant les cours de culture à EF, cela m’interpellée, j’y suis allée et je ne m’attendais pas à cela…
Tout d’abord, j’imagine que ce n’est pas le hasard si la Vallée des Morts se trouve qu’à quelques kilomètres du Panthéon Royal où sont enterrés tous les Rois d’Espagne. D’autant que « l’oeuvre » de Franco surplombe toute la région madrilène. On peut voir de très loin sa croix de granit.
Los Caidos, ce sont les soldats qui se sont battus durant la guerre civile espagnole (1936-1938). Il y aurait près de 34 000 corps ensevelis dans ce mausolée, dont un peu moins de 13 000 non identifiés. Il y aurait, outre Franco et ses guerriers, de nombreux républicains. Ça fait un curieux mélange, non ? Notez que ce sont essentiellement les prisonniers républicains qui ont construit ce site.
On trouve à la Valle de Los Caidos, outre l’énorme croix, la basilique Santa Cruz, toute de noir et de gris. Sa nef gigantesque nous écrase et semble très sombre. Les dimensions sont démesurées.
En sortant de la basilique, sur les escaliers, on aperçoit de nombreux confettis ou grains de riz, restes de récents mariages…. Comment peut-on imaginer se marier dans un lieu aussi sinistre?

vue depuis les escaliers sous l’entrée de la basilique
Hormis, la Croix et la basilique, on trouve sur les lieux un hospice religieux. Là encore, une impression de démesure, d’abandon (bien que les lieux soient toujours en activité, notamment pour l’accueil des touristes).
Ces lieux sont toujours exploités, si vous le souhaitez, vous pouvez y fêter votre mariage, y dormir et même manger au restaurant de l’hospice.
Ce lieu symbolise à lui tout seul tout ce que je rejète de l’église : pouvoir, contrôle de ses ouailles, même si cela doit être au détriment des vies des citoyens.
L’Eglise devrait, à mon sens, n’être que bienveillance, amour et foi. C’est ainsi que je vois l’amour de Dieu, mais pas dans la représentation du pouvoir.
Je sais que les relations entre Franco et l’Eglise sont à la base du franquisme, mais 40 ans après la mort de Franco, dans une démocratie, je suis choquée de voir tous les symboles encore associés dans un même lieu.
J’ai visité ce lieu dans une atmosphère très particulière, croisant très peu de gens, hormis ceux attablés dans l’hospice. Tout semble gris, terne et malgré des bâtiments aux dimensions immenses, j’ai littéralement étouffé dans ce lieu très bizarre.
Franco l’a vu comme son testament politique et architectural, et malgré ce, l’Eglise y est-elle encore si présente. Peut-on encore accepter, dans une démocratie, que la tombe d’un dictateur soit encore entretenue par les impôts actuels. Et qui paye l’entretien des églises, chapelles et hospice de ce lieu ? Preuve que l’Espagne est encore bien un pays très catholique.
Pays très paradoxal, où on se vouvoie très peu et qui se veut égalitaire, mais encore très conservateur dans ses relations avec l’Eglise.
Pour votre information, le tarif pour l’accès à la Valle de Los Caidos est de 9€. Tarif cher à mon sens, mais il me semblait intéressant de voir la mégalomanie du lieu.
Je vous invite sincèrement à visiter ces 2 lieux, très différents, mais majeurs de l’histoire espagnole.